Cécile Fourage, musicothérapeute au centre hospitalier de Douarnenez
Dans le cadre de notre sujet de TPE, nous avons pu interroger Cécile Fourage lors de la conférence "La musicothérapie" qui a eu lieu à Brest le mercredi 27 janvier 2016 à la Faculté de Lettres. Voici les questions que nous avons posées durant l'interview ainsi que les réponses de la musicothérapeute :
Quelles études avez-vous effectuées afin de devenir musicothérapeute ?
J'ai passé le diplôme universitaire en musicothérapie, il y a 3 universités en France qui le propose : à Nantes, à Montpellier et à Paris. Je l'ai passé à Nantes. C'est un D.U. qui dure 3 ans et on a 1 semaine de cours par mois. Durant ces 3 années, il y a 5 stages à effectuer. Les 2 stages de la première année sont des stages d'immersion en milieu de soin. En 2ème année nous avons 2 stages où nous sommes accompagnés d'un musicothérapeute auprès d'adultes ou d'enfants. Le dernier stage est celui de la rédaction d'un mémoire qui dure plus de 400 heures (étalé sur plusieurs mois), afin d'accéder au métier de musicothérapeute. Cette formation accueille les personnes ayant déjà un bac +3 dans des études de soins, socio-culturelles ou socio-éducatives.
Quel a été le sujet de votre mémoire ?
"La restauration de la communication grâce à la musicothérapie". J'ai du écrire mon mémoire sur des patients atteints de la maladie d'Alzheimer. Il est vrai que lorsqu'on se retrouve avec des patients atteints de la maladie d'Alzheimer la communication verbale commence à être compliquée mais à l'aide de la musicothérapie on peut chanter grâce à la partie du cerveau dédiée à la musique qui est rarement atteinte.
Comment se déroulent les séances de musicothérapie ?
Tout dépend du public auquel on a affaire. En général une séance de musicothérapie varie entre 10 et 45 minutes. Je pratique la musicothérapie active et réceptive. Pour une séance j'emmène ma harpe ainsi que des instruments et du matériel d'écoute. J'ai un Ipod avec des musiques très variées pour que cela puisse plaire à chacun. Lorsque je rend visite à un patient, je commence à jouer de la harpe afin de créer une atmosphère agréable. Quand le patient est enfin à l'aise, je lui propose de chanter avec moi et de jouer avec les instruments ou tout simplement d'écouter de la musique.
Que permet la musicothérapie aux patients ?
Cela leur permet de trouver un espace d'expression parce qu'ils sont souvent renfermés dans leur coin, et, durant les séances de musicothérapie, cela va leur permettre de se libérer.
Est-ce vrai que les musiques ont un effet sur les performances intellectuelles ?
En effet, il y a eu plusieurs études qui ont été faites à ce sujet. L'une d'entre elles, que j'ai visionnée, disait que : "les personnes qui écoutent du Mozart seraient plus intelligentes". Je ne saurais répondre à votre question mais selon moi c'est la structure de la musique qui influe de manière structurante sur le cerveau mais je ne sais pas si cela serait éventuellement responsable des performances intellectuelles.
Quel est l'effet de la musique sur le cerveau ? Sur les personnes ?
La musique augmente les connexions neuronales dans le cerveau. Quant à ses effets sur les personnes, cela dépend de chacun. Par exemple, certaines personnes vont être énervées en écoutant de la musique zen ou du jazz et complètement détendues en écoutant du hard metal. Cependant, l'effet de la musique est bénéfique dans l'ensemble mais c'est la question de perception de celle-ci qui change d'une personne à l'autre.
Quel est l'apport de la musicothérapie sur les patients ?
Ils peuvent retenir des chansons grâce à la musicothérapie. Par exemple, l'été dernier, j'ai eu affaire à une dame avec une démence très avancée de l'Alzheimer, je venais souvent lui rendre visite et je lui jouais tout le temps le même morceau de musique, elle a pu retenir l'air et les paroles de la musique.
Qu'est-ce que ce travail vous a apporté ?
Grâce à ce métier, on se sent en quelque sorte "utile" même si je n'apprécie pas trop ce terme. On a vraiment la sensation d'apporter quelque chose à quelqu'un, c'est une satisfaction. Je joue de la musique depuis mes 3 ans et demi, c'est mon mode de communication et c'est celui avec lequel je suis à l'aise. Ce que j'aime dans mon métier, c'est aussi de demander aux familles, lorsqu'elles sont présentes, de participer à la séance. Le fait de me dire qu'on va tous partager un moment ensemble, sortant un instant de la vie quotidienne (traitements, piqûres...) rend cet instant magique.
A la fin de son interview, la musicothérapeute a conclu sur cette phrase : "il faut accepter qu'on ne va pas faire de miracle car bien que bénéfique, la musique n'est pas magique".
Voici le lieu de déroulement de la conférence sur la musicothérapie, à la faculté de Brest
Nous avons pu voir une séance de musicothérapie à la fin de la conférence. Cela fut agréable d'assister à une séance en direct car de l'extérieur on a pu observer que les personnes qui jouaient avec les instruments de musique étaient dans leur monde, elles avaient l'air sereines.